En arrivant sur la Piazza Federico II di Svevia, on ne peut pas le manquer. Massif, noir comme la pierre qui l’a façonné : le Castello Ursino. 

On a du mal à imaginer qu’autrefois, il se trouvait au bord de la mer. Aujourd’hui, il est cerné de bâtiments, au milieu de la ville.

Ce n'est pas la mer qui s'est retirée

Ce n’est pas la mer qui s’est retirée, mais la lave de l’Etna qui est venue jusqu’ici, lors de l’éruption de 1669, engloutissant la côte et repoussant la mer d’un kilomètre. Le château est resté debout.

Il devait protéger la ville contre les envahisseurs de la mer

Construit par Frédéric II de Souabe au XIII? siècle, il servait à protéger la ville et affirmer la puissance de l’empereur. Les murs, en pierre de lave, sont si épais qu’ils semblent faits pour résister à tout : aux guerres, aux séismes, aux siècles. D’ailleurs, même le grand tremblement de terre de 1693 n’a pas réussi à le faire plier.

C'était une demeure royale

L'intérieur est à visiter. Des grandes salles voûtées, cour centrale baignée de lumière, pierres sombres. Les prisonniers qui y furent enfermés (c'était pendant  un temps une prison dont  on ne pouvait s'échapper) ont laissé leurs graffitis sur les murs.

Aujourd’hui, le Castello Ursino abrite le Musée Civique de Catane. 

Ce château m'inspire une réflexion

C’était une forteresse.

Elle devait protéger la ville des invasions venues de la mer.

Construite pour résister à tout, avec les moyens de l’époque : un plan carré, quatre tours d’angle cylindriques, des murs massifs taillés dans la pierre de lave.

Mais, comme souvent, l’ennemi n’est pas venu d’où on l’attendait.

Il est arrivé par derrière, du volcan.

L’Etna a déversé sa lave, ensevelissant les alentours et coupant la forteresse de la mer.

Ce bastion maritime est devenu, du jour au lendemain, une simple bâtisse isolée à l’intérieur des terres.

Alors les rois sont partis.

Leur château, privé d’utilité, s’est mué en prison.

Les remparts ont changé de fonction : autrefois conçus pour empêcher d’entrer, ils servaient désormais à empêcher de sortir.

Autrefois conçus pour protéger la population, selon ce qui est prétendu, ils servaient désormais à emprisonner une partie de cette même population. 

Derrière ces murs, on enfermait des criminels, certes, mais aussi sans doute des âmes jugées indésirables.

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